Il n'y avait plus qu'un garde devant les grilles. Hellismine en profita pour discuter avec celui qu'il connaissait vaguement, celui avec qui il avait déjà vidé quelques litres de raku-raku.
- Eh bien mon vieux, tu ne m'as pas reconnu ?
Le garde, un peu ennuyé, lui avoua, sans cependant quitter sa place :
- Si bien sur Helli... le Seizon Debout, je sais bien... même sous ta cape, je pense que je t'aurais reconnu...
- Dans ce cas, pourquoi ne pas lui dire à ton collègue que tu venais régul....
- Chut chut chut....
Le garde s'approcha et parla plus bas à l'ancien tavernier :
- Je viens toujours régulièrement à l'auberge... je suis même un... comment dire... un pilier désormais... mais ma femme m'a interdit d'approcher à moins de 50 mètres des portes de la taverne... J'aimerais autant d'ailleurs ne pas trop en parler...
Au moment où Hellismine haussait les épaules, l'autre soldat revient en marchant doucement, l'air d'un homme pour qui cette petite vérification était une joyeuse récréation.
- C'est bon Hellismine... Le roi se souvient de vos beuveries, de vos soirées alcoolisées... vous avez accès au chateau...
Le mage se gratta un peu la tête, regarda par en-dessous le soldat qui souriait bêtement.
- Ouais, bon... euh... merci...
Hellismine parcourait maintenant nombre de rues étroites, traversait quelques placettes où il aimait se promener quand il était enfant... Des pensées fugitives venaient encore le perturber, ainsi il arriva devant la salle du trône sans trop s'en rendre compte. Les grandes portes étaient ouvertes, et il pénétra dans cette impressionnante galerie, théâtre historique des grandes actions et des entrevues des grands de ce monde. Des tapisseries et des tentures décoraient sobrement ce lieu alors que quelques meubles, disséminés ça et là, semblaient d'une inutilité désolante. Au bout d'un long tapis rouge, sur un siège énorme, bien trop grand pour des fesses humaines,tronait Gabriel, impérial, souverain. Des personnalités discutaient avec lui, mais puisqu'on lui avait permis d'entrer, le mage ne se priva pas pour les interrompre :
- Roi Gabriel, comme il est de coutume, je suis venu vous présenter mes voeux de réussite, mes respects sincères et profonds, et l'assurance que vous me trouverez à vos côtés pour défendre notre merveilleux royaume contre les envahisseurs.
Hellismine prit une courte respiration, puis reprit :
- Je vous remercie de la bienveillance que vous avez à mon égard et la confiance que vous me témoignez en me recevant aujourd'hui...